Avec 2753 hectares (27,5 km²) la commune de Luri possède le plus vaste territoire des communes capcorsines et la troisième population par ordre d’importance : 844 habitants (2020). Elle retrouve, ce faisant, sa population de 1963 qui était, elle, en retrait par rapport aux années florissantes : 1021 habitants en 1772, 1807 en 1862, 1886 en 1891. A cette date, comme ailleurs dans le Cap, l’exode massif est enclenché : plus que 1536 habitants en 1922 et 652 un demi-siècle plus tard, en 1972.
Pour les auteurs du Plan Terrier (1771), Luri est à classer parmi les communautés avantagées par la nature : « elle est celle du Cap Corse qui est la mieux pourvue d’eau. Quatorze moulins tournent en hiver et dix en été » Cette richesse est d’ailleurs bien partagée entre les dix-sept hameaux qui s’étagent du bord de mer avec la marine de Santa Severa jusqu’à Fienu, hameau perché à 400 m d’altitude.
De 1030 à 1249, Luri est le fief des Da Campo di Luri. Acquis en 1249 par le Génois Ansaldo da Mare, il est intégré au fief Da Mare de San Colombano di Rogliano jusqu’à la conquête génoise de 1592. En 1762 les notables décident de se rallier à Pascal Paoli. La période française qui débute en 1768 va favoriser le développement de l’agriculture, notamment de la vigne, de l’élevage mais aussi du ver à soie. Le phylloxéra (1880) qui provoque l’effondrement de la viticulture locale accélère le départ des habitants vers les centres urbains insulaires ou continentaux, voire une émigration à l’étranger. L’étiage démographique se situe en 1975 (652 habitants). Puis une lente remontée s’opère avec l’installation de jeunes couples et la création d’activités économiques pérennes. La dernière décennie est celle de la stabilisation démographique.
Luri, qui disputait à Rogliano, à la fin du XVIIIe siècle, le titre de capitale du Cap Corse, a su diversifier ses activités économiques. Un vignoble, de l’élevage maintiennent une activité agricole significative. Le secteur tertiaire est aussi bien représenté. Un hôtel de quinze chambres à Santa Severa, des chambres chez l’habitant, sept bars, trois restaurants, une menuiserie, une boulangerie, une boucherie, une poste, une gendarmerie, médecin, une pharmacie, un collège de plus de 100 élèves et une école primaire. Luri s’impose comme une commune de poids dans l’ensemble capcorsin. Sa situation géographique en fait aussi une commune charnière entre l’est et l’ouest, le nord et le sud.
Son développement reste diversifié avec la réalisation de deux lotissements au hameau de Campu, qui comptent, au total, une cinquantaine d’appartements. Un cabinet médical pluridisciplinaire a vu le jour. Le port de pêche de Santa Severa (150 anneaux) est largement ouvert à la plaisance et connaît une fréquentation soutenue dès l’arrivée des beaux jours. La richesse patrimoniale de la commune est aussi à mettre en valeur. L’église Saint-Pierre (XVIIe siècle) avec son retable sur bois (XVe), ses fresques, son autel baroque en marbre polychrome et sa chapelle de Confrérie, constitue un ensemble de grande qualité historique.Le sentier du Patrimoine, unique dans le Cap, relie les hameaux de Piana à Spergame puis à la tour dite de Sénèque.
L’ancien couvent des capucins datant du XVIe siècle (les habitants l’appellent « le préventorium » en référence à une de ses nombreuses affectations qui a défrayé la chronique locale dans les années 80, situé en contrebas de la tour, a été aménagé par une entreprise privée en gîtes d’accueil pour randonneurs.
Luri concentre deux atouts dans son jeu : la commune a su fixer une population permanente qui vit et travaille dans le Cap et elle attire, par ailleurs, un flux touristique de passage qui est loin d’être négligeable.
Luri, du fait de son histoire, de son développement et de sa position-clé dans le Cap, est un village stratégique de la micro-région : son avenir déterminera pour une part l’avenir du Cap Corse tout entier.
Découvrir
Pour découvrir Luri, son vaste territoire, ses dix-sept hameaux posés dans le maquis, mieux vaut prendre de la hauteur et rouler puis grimper jusqu’à la tour dite de Sénèque (564 m), phare planté au pied du Monte Rottu, repère séculaire, vu de la terre et de la mer.
De ce point haut le regard porte loin. La ligne de crête se dresse au sud et s’émousse au nord. L’horizon livre ses îles posées comme sur un plateau. Par temps clair le continent italien se découvre. Un œil exercé devine le massif de marbre de Carrare et ses fronts de coupe, blancs comme neige même en plein été.
Au pied de la tour, tout paraît proche :
Sénèque l’exilé qui n’est jamais venu ici mais dont le fantôme rôde en ce lieu ruiné ;
le maquis omniprésent, houle tranquille qui ne craint que le feu ;
les villages minuscules habités par des géants et la mer, immense, mère de tous les dangers et de toutes les tentations de connaître l’ailleurs.
Source : Communauté des Communes du Cap Corse