Avec 211 habitants permanents (2020) et six hameaux, Tomino, du fait d’un territoire de 580 hectares (la plus petite commune du Cap Corse) possède, après Brando, la plus importante densité communale de la micro-région :
39 habitants au km². Un paradoxe qui n’en est pas un quand on sait que Tomino profite, comme Rogliano, du développement de la plaine de Macinaghju avec son port et les commerces de proximité et d’accueil qui s’y sont développés.On entre sur le territoire de la commune à la sortie nord de la marine de Meria et on le quitte à Macinaghju où le ruisseau de Gioelli sépare les deux communes. Le village est situé en piedmont. Du parvis de la confrérie dominant la baie de Macinaghju , on peut lire sur une table d’orientation, les éléments du paysage et notamment les îles de l’archipel toscan.
À partir du milieu du Moyen Âge (1249) le village intègre le fief des Da Mare de San Colombano di Rogliano. Après la partition, en 1520, du fief Da Mare, deux seigneuries se partagent les familles vassalisées. A Tomino, sur 40 personnes, 23 sont attribuées à Simone III Da Mare et 17 à Francesco de Negroni. Après l’intervention, en 1592, de l’amiral Doria, la seigneurie passe sous administration génoise qui gère le territoire sans intermédiaire local. En 1646, Tomino possède 90 « feux » (foyers) et 450 habitants. Les Tominais ont six barques de pêche au port de Macinaghju. En 1757 Tomino se rallie à Pascal Paoli, mais dès 1758 le village est assiégé par les Génois, et ce jusqu’en 1762.
A partir de 1768 les habitants de Tomino deviennent, à travers le mouvement général de francisation de la Corse, sujets de Louis XV.
Comme dans le reste du Cap Corse, la pointe démographique se situe durant la seconde moitié du XIXe siècle (1874) avec 712 habitants. L’étiage démographique intervient en 1962 avec une population ramenée à 104 personnes. Depuis, la commune enregistre une progression constante de sa population.
Tomino est riche de son passé religieux. Le site aurait, dit-on, accueilli les premiers chrétiens de Corse et fut chef lieu de la piévanie qui s’étendait jusqu’à Barcaghju d’Ersa , sous la dépendance du monastère de la Gorgona .Une importante activité agricole s’y était développée.
En 1115, Hildebrando, évêque de Mariana, offre au monastère bénédictin de l’île de la Gorgona (située en face de Livourne) l’église San Nicolau avec ses dîmes et ses dépendances. Aujourd’hui cet édifice est inscrit à l’inventaire des monuments historiques. L’art baroque s’y développe dès le XVIIe siècle. Eglise, confrérie et chapelles sont aménagées selon les canons de la contre-réforme. Mais les Tominais ont aussi le sang chaud : tout au long de la première moitié du XIXe siècle on les voit s’opposer aux Roglianais à propos de l’utilisation de Santa Maria della Chiapella, dont chaque commune revendique la propriété. Des incidents graves ont même lieu le 24 mars 1826, date à laquelle on assiste à une bataille rangée entre les processions des deux villages !
Aujourd’hui Tomino vit avec son temps. Un point d’accès multimédia a été installé dans le bâtiment de l’ancienne confrérie. Jeunes retraités et actifs employés dans les services ou les métiers du tourisme composent le socle indispensable au renouveau du village.
Découvrir
C’est au Campu Santu, au cimetière de Tomino, situé en contrebas de l’église San Nicolau, que l’on aimera s’arrêter un moment pour profiter de la vue, plongeante, sur la plaine de Macinaghju, le port et, plus loin, les îles Finocchiarola.
Le lourd portail en fer forgé ouvre sur des allées bordées de tombeaux finement décorés. Quand tombe le soir, la lumière, dorée, apporte une étrange quiétude à l’endroit. Mais de ce promontoire on devine toute l’activité des quartiers touristiques autour du port, sur les bateaux et les terrasses des restaurants. Choc de deux mondes si proches et pourtant si éloignés l’un de l’autre ? Non. Deux temps différents. Deux univers de la vie et de la mort. En bas, les vanités ; en haut, l’éternité ?
Source : Communauté des Communes du Cap Corse